Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/229

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brûlants, de radieuses et folles espérances, vous ne savez pas ce que c’est, que de se dire : Cette femme qui inspire tout ce que le désir a de plus exalté, je l’ai possédée sans la posséder… j’ai tous les droits sur elle, et je n’en ai aucun ; un jour… elle s’est livrée à moi avec tant d’insouciance et de dédain, que je ne ressens qu’humiliation et amertume… Qu’étais-je donc ? que suis-je donc à vos yeux ? ai-je été votre jouet ? Si vous ne m’aimez pas… pourquoi ces faveurs ? avez-vous donc voulu me prouver que j’étais si peu à vos yeux que vous pouviez impunément me tout accorder un jour, et l’oublier le lendemain sans vous croire même obligée de rougir ?… Non, non, voyez-vous, il n’y a pas d’impératrice romaine qui, dans ses mépris écrasants, ait plus audacieusement prouvé qu’un esclave n’était pas un homme !

« Depuis ce jour, en vain je tâche de lire sur votre physionomie impénétrable quelque tendre ressouvenir… est-ce dissimulation, calcul, insensibilité, prudence ? Vos traits ne disent rien… rien que raillerie hautaine ou indifférence… Pourquoi me traiter ainsi ? Ne