Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/297

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tais vos nouveaux mépris avec une confiance désespérée… comme vous, sans doute, je passais de longues nuits à interroger ce douloureux mystère de l’âme !

— Oh ! n’est-ce pas, qu’il n’y a rien de plus affreux que de se sentir entraîné par un sentiment irrésistible ! — s’écria Gontran tellement absorbé par sa personnalité, qu’il oubliait que c’était à moi qu’il parlait. — Oh ! n’est-ce pas, — reprit-il, — n’est-ce pas qu’il est affreux de voir, de reconnaître que la raison, que la volonté, que le devoir, que l’honneur sont impuissants pour conjurer ce fatal enivrement ?

— Vous peignez avec de terribles couleurs les maux que vous m’avez causés, Gontran… mais moi, en vous aimant malgré vos dédains, je cédais à la voix du devoir, c’était l’exagération d’un noble amour… En aimant cette femme malgré ses mépris, vous cédez à un penchant coupable… c’est l’exagération d’un criminel amour.

Un moment abattu, l’égoïsme indomptable de M. de Lancry se manifesta de nouveau. Il s’écria :