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Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/299

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J’interrompis mon mari.

— Écoutez-moi, Gontran… Tout à l’heure je vous ai vu malheureux ; quoique la cause de ce malheur fût pour moi un outrage, j’ai pu un moment compatir à des peines que j’avais éprouvées, et oublier que c’était vous qui les aviez causées. Maintenant l’espoir renaît dans votre cœur ; vous me l’exprimez si durement, qu’il serait indigne de moi de vous dire un mot de plus.

— Mathilde… pardon… Mon Dieu… je suis insensé.

— Moi qui ai ma raison… je vous donnerai un dernier avis. Ursule est plus habile que vous ; vous tombez dans le piège grossier qu’elle vous a tendu.

— Un piège ? Quel piège ?

— Si elle ne vous eût laissé aucun espoir, vous l’eussiez oubliée peut-être ; mais, en vous faisant soupçonner qu’elle vous fuyait par crainte de vous aimer trop, elle gardait une sorte d’influence sur vous et me portait ainsi un dernier coup sans que je pusse me plaindre, puisqu’elle cessait de vous voir selon sa promesse.