Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/313

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cœur brisé se dilata, malgré moi une bien vague et bien lointaine espérance vint encore me luire.

Quoique je ne me sentisse plus d’amour pour mon mari, quoique sa présence me fût souvent pénible à cause des cruels souvenirs qu’elle me rappelait, je ne pouvais m’empêcher de songer à la possibilité d’un avenir meilleur.

Si M. de Lancry pouvait parvenir, à force de travail et de volonté, à vaincre sa passion pour Ursule, et à y substituer une noble ambition ; alors il était sauvé, il me revenait.

Une fois éveillée chez les hommes de son caractère, l’ambition laisse peu de place aux sentiments tendres. Peut-être alors, me tenant compte de ma résignation, de mon dévoûment, la possession de mon cœur suffirait-elle à Gontran…

Hélas ! ces pensées me prouvèrent la faiblesse de nos résolutions et l’instabilité de nos impressions.

Sans doute, ainsi que je l’avais dit à mon mari, je ne l’aimais plus, et pourtant, au plus léger espoir de le voir redevenir ce qu’il était