Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/327

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être entendus de M. de Mortagne, ils commençaient à parler de l’empereur dans les termes les plus grossiers et les plus méprisants. Vous connaissez, ma chère Mathilde, l’espèce de culte d’idolâtrie que M. de Mortagne a conservé pour Napoléon, vous concevez donc avec quelle impatience il devait souffrir de ces entretiens, qui le blessaient dans l’objet de ses plus vives sympathies.

Vendredi dernier, il vint dîner à son habitude ; à peine était-il assis à sa table, que les deux inconnus arrivèrent, et la même scène se renouvela, le même entretien continua. Notre malheureux ami eut d’autant plus de peine à se contenir, qu’il lui sembla que ces deux hommes échangèrent un signe d’intelligence en regardant de son côté ; pourtant il conserva assez d’empire sur lui-même pour se lever et sortir sans dire un mot, n’ayant aucun motif réel d’agression. Ces deux voisins étaient parfaitement libres d’émettre entre eux leurs opinions ; d’ailleurs, ils ne s’adressaient pas à lui…

En sortant de dîner, M. de Mortagne alla à la Comédie-Française, il y avait peu de monde,