Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/36

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éclatantes qui résonnaient fièrement au fond des bois.

— Et sans doute une déclaration n’avait pas pour vous le même attrait de nouveauté. L’aveu est naïf — dit Gontran en souriant.

Ursule regarda fixement mon mari, cambra, redressa sa jolie taille, comme si elle eût obéi à un secret mouvement d’admiration pour elle-même, secoua légèrement son front hardi, pour faire onduler les longues boucles de sa chevelure brune, et répondit avec un sourire moqueur presque méprisant :

— Mon cher cousin, j’ai dix-huit ans à peine et on m’a déjà bien souvent dit que j’étais charmante ; vous me pardonnerez donc d’être un peu blasée sur les déclarations : depuis longtemps mon oreille est faite à ce ramage flatteur et banal, et vous n’avez pas malheureusement éveillé dans mon âme des sensations aussi inconnues que ravissantes ; je ne doute pas que vous ne soyez un très excellent Pygmalion, mais le marbre de Galatée s’était assoupli et animé avant que votre tout-puissant regard eût daigné s’abaisser sur une pauvre provinciale comme moi…