Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/39

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bal le premier valseur venu ; et je ne vois pas qu’elle soit assez flatteuse pour que vous en ayez des remords : hier soir je n’ai pas joué la pudeur offensée, parce qu’il m’eût fallu me plaindre ou me fâcher d’un procédé de mauvais goût ; dans une circonstance pareille, une honnête femme se résigne et se tait.

Sans doute l’amour-propre de Gontran fut blessé de ces railleries, car, oubliant ma présence, il s’écria presqu’avec chagrin :

— Comment, Madame, votre silence était de la résignation, de l’indifférence !

— À ce point, mon cher cousin, que je me rappelle, hélas ! jusqu’aux plus petits détails des tristes suites de votre audace.

— Comment cela ?

— Certainement, j’avais la main droite sur la grille du balcon, et, en la retirant, j’ai déchiré la valencienne de mon mouchoir.

— Cela prouve — dit Gontran avec impatience — madame, que vous avez une excellente mémoire…

— Cela ne prouve pas du tout en faveur de ma mémoire, mon cousin, mais cela prouve