Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/52

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mariés en général et mon peu de penchant pour vous en particulier qui me défend de toute mauvaise tentation… Sans doute j’aime Mathilde de tout mon cœur ; mais si une puissance irrésistible m’eût entraînée vers vous, malgré moi j’aurais trahi la confiance de ma meilleure amie… Après cela — reprit Ursule en souriant de ce rire sarcastique qui donnait à sa physionomie un caractère si insolent et si dédaigneux — j’offre des chances de combat ; je suis vulnérable aussi : moi aussi j’ai un mari… qu’on le séduise… C’est de bonne guerre ; mais assez de folies, comme cela, mon cher cousin. Maintenant, parlons raison, quel est ce mot que vous avez à me dire, et pourquoi me retenez-vous ici ? Mathilde s’impatiente et m’attend peut-être.

Gontran semblait poussé à bout par les railleries d’Ursule. Il lui répondit brusquement :

— C’est justement de Mathilde que je voulais vous parler, Madame ; quoique je sois un de ces êtres amphibies assez ridicules qu’on appelle maris, ma femme a pour moi un attachement profond, sincère, inaltérable.

— Et elle a parfaitement raison, et fait