Page:Sue - Mathilde, tome 4.djvu/91

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toujours entre eux la mignarde et touchante réciproque de Bellote et de Gros-Loup ?

— Vous trouverez Ursule fort changée, Madame — dis-je à mademoiselle de Maran en souriant avec amertume.

— Changée ! est-ce qu’elle n’est plus jolie comme autrefois ?

— Si, Madame, elle est toujours charmante, mais son caractère s’est développé ; elle est maintenant beaucoup moins mélancolique.

— Ah ! ah ! ah !… je ris malgré moi — dit mademoiselle de Maran — en pensant combien ma partialité pour vous m’aveuglait, Mathilde… Vous souvenez-vous comme je grondais toujours Ursule à tout propos, comme je la trouvais laide ! je puis bien vous dire cela maintenant, mes enfants. Eh bien ! c’était une affreuse injustice : je la trouvais, au contraire, spirituelle, charmante ; et même, on peut dire ça devant un mari, parce que les maris en disent bien d’autres lorsque leurs femmes ne sont pas là… eh bien ! je trouvais à Ursule plus de physionomie, plus de gentillesse qu’à vous, ma chère Mathilde… C’était pourtant par amour pour vous et pour vous louer aux