Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/116

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à leur intention et à leur profit. — Ils ne comprennent donc pas, dans leur stupide orgueil, qu’on les compte d’autant moins qu’on risque davantage en leur présence ! — Après cette petite pièce, le mari de Mathilde est venu à moi d’un air glorieux, croyant probablement que le choix de ce rôle était de ma part une déclaration de principes à son usage ; je l’ai reçu de telle sorte qu’il s’en est allé honteux et confus.

§

La vie que je mène est quelquefois atroce… de néant et d’ennui, cependant ; aux yeux de tous, aux miens même, il n’y a pas d’existence plus fortunée que la mienne. — J’ai enfin joui de ce luxe, de cette renommée d’élégance que j’ambitionnais tant. — Je suis une femme à la mode dans toute l’acception du terme. — Je règne sur une fraction de la meilleure compagnie de Paris. Les hommes les plus aimables sont à mes pieds ; mes rivales me redoutent et m’exècrent. — Je leur suis assez supérieure pour pouvoir être toujours très bonne femme avec elles. — Je finis de les désespérer en dé-