Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/118

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— Un jour j’avais cru ressentir une de ces commotions sourdes, mais profondes, qui annoncent l’orage de la passion… comme les premiers roulements de la foudre annoncent la tempête… mais, hélas ! cet espoir a été aussi vain… que ma comparaison est ridiculement ampoulée. — Cependant, un homme pareil à celui dont je me souviens… eût compris comment je voulais être aimée, que j’aurais tout abandonné pour lui… — Sans doute j’aurais vécu dans la misère, dans l’abjection, dans les larmes ; il m’aurait battue, trahie, chassée… mais au moins j’aurais aimé, j’aurais eu des moments de passion sublime… je me serais sentie relevée à mes propres yeux.

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Relevée ! Est-ce donc qu’un secret instinct me dit que, comme le feu… la douleur purifie ? — Serait-ce donc une réhabilitation que je chercherais dans l’amour ? — Non… non… je n’ai pas de remords… je ne dois pas, je ne veux pas en avoir. — Une seule fois je me