Il me regarda d’un air singulier, et me dit après quelques moments de silence :
— Peut-être… J’étais si malheureux… toutes les blessures de mon cœur venaient de se rouvrir.
— Comment ? vous eussiez permis à Ursule de m’attaquer… vous, mon ami ! je ne le crois pas.
— Tout ceci est passé maintenant, Mathilde ; je puis vous avouer ma faiblesse… ma lâcheté.
— Expliquez-vous, de grâce.
— Eh bien, lorsque, dans ma dernière entrevue, elle m’eut bien convaincu de votre redoublement de passion pour votre mari, je ressentis contre vous presque un mouvement de haine ; en vous comparant, vous si pure, à Ursule si corrompue, je me disais : — Peut-être que si je l’avais aimée, cette femme, malgré sa dépravation, m’aurait causé moins de chagrin que Mathilde.
— Ah ! mon ami, quel blasphème !
— Je vous dois la vérité tout entière, ce sera ma punition… J’étais sous le coup de l’indignation que me causait votre abandon ; je me