Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/160

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cère… mais dans sa bouche il perd toute sa vertu… Ah ! la malheureuse femme ! comme elle doit souffrir si elle comprend l’effrayante sévérité de cette leçon…

— N’allez-vous pas la plaindre ? — me dit M. de Rochegune d’un ton de reproche…

— La plaindre ?… non… mais j’ai tant souffert… que je ne puis songer à ceux qui souffrent sans émotion…

— Je m’apitoie moins facilement que vous, Mathilde. Si cette femme souffre, son châtiment est mérité ; je ne ferai rien pour l’aggraver, mais, sur mon âme, je ne ferai rien pour l’adoucir… Deux fois encore, elle m’a écrit pour me demander un nouvel entretien. J’ai toujours refusé. Maintenant elle se borne à venir faire de temps à autre quelques stations dans ma rue. Je ne puis l’en empêcher… Mais laissons cela, je vous prie, le souvenir de ces vilenies m’attriste encore ; et les noires idées viennent aux malheureux… comme l’or vient aux riches, dit-on — ajouta-t-il avec un profond soupir.

— Vous êtes donc toujours malheureux, mon ami ?