Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/161

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— Vous me le demandez !… Savez-vous quelle vie est la mienne ? Savez-vous ce que je souffre… quand je compare… Mais oublions, oublions le passé, il est mort… mort avec la Mathilde d’autrefois… Plus je vais, plus je trouve juste cette funeste comparaison… Oh ! oui, je suis bien malheureux… À cette heure rien ne m’attache à la vie… mes jours se passent dans une monotonie désespérante…

— Mais à quoi bon parler de cela ?… reprit-il en soupirant. — Parlons du sujet qui m’amène. — Puis M. de Rochegune reprit après avoir gardé quelques instants le silence : — Ce que j’ai à vous dire, Mathilde, est grave, très grave… J’ai toujours hésité à vous en parler… même encore maintenant… mais à vous seule je puis confier ce secret, qui, je le crains, n’est pas uniquement le mien.

En entendant ces mots, j’eus peur de me trahir ; car depuis quelques jours j’attendais cette confidence.

Pour mieux détourner encore les soupçons de M. de Rochegune, je l’interrompis en lui disant :

— Il faudra que je vous parle aussi d’une