Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/162

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chose assez grave qui m’intéresse presque directement… car elle regarde notre meilleure amie…

Il fit un mouvement de surprise et me dit :

— Comment donc ? Expliquez-vous, Mathilde.

— Oh ! mon Dieu ! — répondis-je le plus indifféremment qu’il me fut possible — voici ce dont il s’agit : hier M. de Lancry me parlait d’un fils naturel d’un souverain du Nord qui vient d’arriver à Paris ; il est fort beau, fort riche ; il a, dit-on, le meilleur caractère et les plus charmantes manières du monde. Il sera nécessairement présenté chez madame de Richeville ; or, si par hasard il plaisait à Emma, et qu’il fût digne de ce trésor… il me semble que ce serait une excellente occasion de marier cette chère enfant… Ne le pensez-vous pas ?

Je l’avoue, je fis ce mensonge avec une assurance qui me surprit.

M. de Rochegune parut frappé de ces paroles, et me répondit avec un certain embarras :

— Vous ne croyez pas qu’Emma ait jusqu’ici manifesté… aucune préférence ?