Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/183

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n’eussiez pas hésité… Ah ! mon ami… rappelez-vous ce que vous me disiez lorsque l’instinct de votre cœur vous révélait que de notre amour jaillirait un jour quelque magnifique exemple de dévouement… Sans doute vous pressentiez ce qui se passe à cette heure….. Mon ami, soyez bon, soyez généreux… ne soyez pas impitoyable !

— Mathilde… franchement… M. de Mortagne m’aurait-il conseillé…, vous-même, me conseillez-vous d’épouser Emma par pitié ? À ce prix… elle refuserait le mariage…

— Est-ce bien vous qui me faites une telle question ? Et lors même que vous céderiez seulement à la pitié le laisseriez-vous jamais deviner à Emma ? Non, non, je connais votre cœur ; plutôt que de la blesser, vous l’abuseriez par un touchant mensonge… car elle aussi, est fière… Vous avez raison, elle mourrait mille fois plutôt que de devoir cette union à votre pitié.

— Mais c’est une folie ! ne sait-elle pas combien je vous aimais, combien je vous regrette ? ne m’a-t-elle pas toujours entendu parler de vous dans les termes les plus tendres !