Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/192

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amour n’a pu résister à la rude épreuve que je lui ai imposée ; souvent il vous l’a dit lui-même…

— Oui, je ne vous le cache pas, Mathilde, il m’a bien souvent répété avec désespoir que votre retour à votre mari avait tué son amour, que la Mathilde d’autrefois était comme morte pour lui.

— Mon amie, M. de Rochegune dit bien rarement de vaines paroles… Dans cette circonstance, comme toujours, il a été sincère… Il est complétement détaché de moi ; la preuve de cela… je vais bien vous étonner, c’est qu’il désire se marier.

— Lui ! lui ! c’est impossible !

— Son absence, ainsi que je vous l’ai dit, n’a eu pour but que de réfléchir plus à loisir à cette grave détermination. Dans quelques années, l’âge mûr commencera pour lui. Il est isolé… l’avenir l’inquiète… lui semble sombre, désert. Il ne m’aime plus d’amour… ainsi qu’il vous l’a dit, et il ne ment jamais : ce sentiment est mort en lui… Par cela même que je tenais une grande place dans sa vie, et que je ne l’y tiens plus, il sent le besoin de se