Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/203

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et lui étaient, d’ailleurs, comme moi, l’objet de la haine de M. Lugarto, et ces papiers n’eussent pas, sous ce rapport, été plus en sûreté là que chez moi. Je ne savais à qui les remettre, lorsque je songeai à M. de Senneville.

Je le voyais souvent chez sa tante ; on me l’avait dit homme d’honneur, sûr et secret. Je le priai de me garder ce dépôt…

Il fut convenu avec lui que, lorsque j’aurais quelques papiers à joindre à ceux que je lui enverrais, Blondeau irait chez lui et les placerait dans la cassette, dont elle aurait la clef.

M. de Senneville mit la meilleure grâce du monde à me rendre ce léger service. Je craignais tellement l’espionnage de M. Lugarto et le terrible usage qu’il aurait pu faire de cette correspondance, s’il avait su où la surprendre, que je priai M. de Senneville de venir une fois chez moi le soir, afin qu’il pût emporter ce coffret sans être vu.

M. de Senneville eut le tact de ne pas me parler des soins qu’il m’avait rendus autrefois ; il sentit qu’il eût été de très mauvais goût de paraître renouveler ses prétentions à propos de l’obligation que je contractais envers lui.