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Je reçus cette lettre de M. de Rochegune quelques jours après son départ pour sa terre où s’était fait son mariage.


« Rochegune, 20 octobre 1836.

« Emma est ma femme ; c’est à vous, noble et sincère amie, que je viens rendre grâce de ce bonheur. Il est votre ouvrage, vos prévisions se sont réalisées, je marche maintenant dans la vie d’un pas libre et sûr, devant moi l’horizon s’éclaircit, de jour en jour il devient plus pur. Vos conseils m’ont rattaché à l’existence par des liens sacrés… Avoir des liens, c’est avoir des devoirs, et l’accomplissement d’un devoir a toujours été pour moi un sérieux plaisir.

« Je tiens à vous écrire parce que mon mariage doit être un événement dans votre vie. Plus je m’éloigne du temps où vous avez renversé mes espérances, plus la raison reprend d’empire sur moi ; plus mon esprit se dégage des basses préoccupations qui l’avaient obscurci, plus je m’applaudis d’avoir suivi vos conseils.

« Vous avez été ce que j’ai aimé le plus au