Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/246

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— Pourquoi cela, Monsieur ?

— Votre ennemie acharnée… Ursule… n’est-elle pas morte ?… Ç’a dû être un beau jour pour vous que celui-là !…

— Je lui ai pieusement fermé les yeux. Monsieur… Son repentir m’a fait tout oublier…

— Oh ! certes — dit-il avec un sourire amer — le pardon des injures, c’est fort édifiant, et votre cousine vous avait donné de quoi exercer votre magnanimité…

Je restai stupéfaite, épouvantée en entendant mon mari parler ainsi d’une femme pour laquelle il avait tout sacrifié…

Ses traits, loin d’exprimer le désespoir, révélaient… oserai-je le dire !… une sorte de sombre satisfaction…

Je n’étais pas à la fin de mes étonnements… Le cœur humain est un effrayant abîme.

Après s’être promené quelques moments en silence, il reprit d’abord avec une ironie sanglante, puis bientôt avec une exaltation croissante et furieuse :

— Morte à vingt-cinq ans… morte… dans