Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/254

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j’ai eu quelques bons et honnêtes retours, même quelques vertueuses résolutions ; mais alors vous étiez encore riche, mais alors vous étiez toujours humble, toujours tendre et aimante.

— Vous ayez tout fait, Monsieur, pour anéantir cette richesse et cet amour.

— En effet, vous n’avez plus ni amour ni richesse. C’est là justement où je veux en venir. Les temps ont donc changé : de votre fortune, il ne reste rien ; que ce soit de votre faute ou non il n’importe, le fait existe ; vous êtes ruinée. Ce n’est pas tout ; non-seulement vous êtes ruinée, mais vous ne m’aimez plus, et vous en aimez un autre, non-seulement vous en aimez un autre, mais vous m’exécrez, mais vous avez ameuté contre moi toutes les prudes de votre connaissance ! Or, franchement, à cette heure, qu’êtes-vous donc pour moi ? Une femme pauvre, hostile, et d’une vertu au moins douteuse ; il vous reste votre beauté, c’est vrai… mais je ne vous ferai pas l’injure de la compter pour quelque chose. Aux termes où nous en sommes maintenant, Madame, je vous demande ce que vous pouvez raisonnablement attendre de moi, si, comme