Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/262

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deur d’un enfant de dix-huit ans, avec une ardeur d’autant plus dévorante que mon inconcevable passion pour votre infernale cousine m’empêchait de jouir des prodigalités dont je l’entourais : c’était un festin que je donnais et auquel je ne prenais point part ; en un mot, celui qui à cette heure me mettrait à même de sacrifier largement à mes idoles chéries, non plus ici, mais ailleurs, car j’ai Paris en horreur ; en un mot, celui-là qui à sa générosité sans bornes ne mettrait d’autre condition que celle de vous traîner à ma suite, à celui-là je dirais : Oui, oui, mille fois oui, celui-là fût-il Lugarto ! Tout ceci vous étonne un peu… méditez ce langage à votre aise ; consultez même vos gens de loi si vous le voulez, et vous verrez que, quel que soit l’avenir que le sort vous réserve, il faudra vous y soumettre aveuglément… Il est impossible, j’espère, d’agir plus franchement que je ne le fais… En un mot, et pour vous laisser sur une idée agréable, je vous préviens qu’il est fort possible que les susdits projets de voyage se réalisent très prochainement… après demain peut-être…

En disant ces mots, M. de Lancry me laissa seule.