Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/264

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Et puis enfin… par cela même que mon sacrifice avait été grand… qu’il me comptait peut-être aux yeux de Dieu, il n’en avait été… il n’en était que plus douloureux… mon amour pour M. de Rochegune n’avait rien perdu de sa force… ma seule consolation était dans les assurances qu’il me donnait que ce sentiment demeurait unique dans son cœur.

Je devais tôt ou tard me ressentir de tant de chagrins ; je sentais déjà sourdre en moi une grave indisposition ; je disais à ma pauvre Blondeau, qui s’étonnait de mon courage : — Ne te réjouis pas encore ; dès que je n’aurai plus de vives préoccupations, je crains une violente réaction du physique sur le moral ; jusqu’à présent je me suis soutenue par mon énergie ; j’ai peur que cette force factice ne me manque tout à coup.

Je ne me trompais pas ; seulement cette secousse fut amenée non par la cessation de mes inquiétudes ; mais par ma dernière conversation avec M. de Lancry.

Ainsi s’expliquait le sens d’un passage d’une des lettres de M. Lugarto où il me disait qu’il créerait à mon mari d’impérieuses raisons de ne