Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/267

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rétablie, du moins hors de convalescence. Il me restait une grande pâleur, beaucoup de faiblesse et une extrême sensibilité nerveuse. Le docteur Gérard avait regardé comme absolument indispensable que j’allasse passer l’automne et l’hiver suivants dans le Midi.

J’étais revenue à Maran avec de bien tristes ressouvenirs ; j’y avais tant souffert ! Mais depuis ma convalescence, madame de Richeville y habitait avec moi. M. de Rochegune et Emma vinrent nous y rejoindre plus tard, et ces tendres attentions suffirent pour adoucir l’amertume des pensées qui de temps en temps venaient m’assaillir.

Il me fallut pourtant du courage, de la force, de la résignation, pour comprimer la triste impression que me causait quelquefois malgré moi l’affectueux attachement de M. de Rochegune pour Emma. Ce mariage avait été le but de tous mes désirs, j’aurais été la plus malheureuse des femmes de ne pas le voir s’accomplir, et je ne pouvais m’empêcher d’éprouver de cruels, d’amers regrets.

Hélas ! aigrie par tant de chagrins, je perdais sans doute mon élévation première ; la