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vue du bonheur d’Emma, de madame de Richeville, auquel j’avais tant contribué, me ravissait toujours, mais il me faisait aussi songer à la vie malheureuse à laquelle j’étais réduite.

Je ne pouvais m’empêcher de faire souvent un douloureux retour sur moi-même, en contemplant les gens heureux, non pour les jalouser, grand Dieu ! mais pour pleurer ma misère, hélas… oui… ma misère, car pour être cachée, pour être morte à tous les yeux, ma passion n’en était pas moins profonde… J’aimais… j’aimais toujours M. de Rochegune…

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Nous devions célébrer entre nous à Maran la Sainte-Claire, fête de madame de Richeville, le 12 août 1837.

On verra par quel motif je ne puis oublier ni cette date ni cette journée.

Il était onze heures du matin, il faisait un soleil radieux ; je me promenais dans une des allées du parc les plus touffues ; elle aboutissait à l’aile du château où se trouvait l’appartement de madame de Richeville. La duchesse se levait ordinairement assez tard ; j’attendais Emma qui devait venir me prendre pour aller