Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/269

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souhaiter la fête à sa mère, et lui porter un gros bouquet de roses et de pervenches, ses deux fleurs de prédilection, que nous devions cueillir nous-mêmes.

Je vis venir M. de Rochegune, je lui tendis la main.

— Quel beau jour pour la fête de notre amie — lui dis-je en souriant ; — puis lui montrant les fleurs que je tenais à la main, j’ajoutai : — Le bouquet d’Emma est-il aussi beau que celui-ci ?

— Elle finit le sien en mettant au pillage une des corbeilles du petit parterre… Il n’y a rien de plus charmant que de la voir s’escrimer ainsi au milieu de ce massif de rosiers du roi tout trempés de rosée.

— J’espère que vous lui avez fait à ce propos un délicieux madrigal ! Et encore non — lui dis-je — l’incarnat de ses joues est si fin, que ce serait faire injure à Emma que de la comparer à une rose du roi. Cela serait dire rougeur au lieu de délicate fraîcheur ; une rose thé du Bengale… à la bonne heure, telle est la seule comparaison qu’elle puisse accepter.