Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/273

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Quelquefois seulement, bien que je connaisse la paresse habituelle de M. de Lancry, je m’inquiète de ne pas avoir de ses nouvelles… voilà ce qui m’attriste. Pour chasser ces vilaines idées, parlons de vous et d’Emma, de vos projets.

— Parler de nous, c’est encore parler de vous, nous vous devons tant !… Quant à moi, jamais ma vie n’a été plus calme, plus douce, plus sereine ; et puis Emma est si heureuse… de si peu !! Quelquefois, pauvre enfant… je me reproche de ne pas assez faire pour elle… je suis presque confus de la voir si facilement satisfaite et contente.

— En parlant si modestement du bonheur que vous donnez, mon ami, vous êtes comme les grands poètes qui trouvent tout simple de faire très facilement des œuvres magnifiques, et qui s’étonnent de voir l’admirable influence de ces ouvrages qui leur coûtent si peu.

— Non, je vous assure, Mathilde ; j’ai l’air de tout donner, et je reçois beaucoup plus que je ne donne. Je suis très heureux ; je ne me sens pas vivre. Si je sors par hasard de ce délicieux état de calme et de confiante sécurité