Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/275

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que je vous dis, et que ma comparaison est aussi juste que peut l’être une comparaison.

— Je ne nie pas la folle idolâtrie d’Emma pour moi, il faudrait être aussi aveugle qu’ingrat ; je nie seulement que je la mérite… Ou plutôt… tenez, je vais bien vous étonner, j’accepte votre comparaison tout entière, surtout à cause de ma divinisation

— C’est très heureux — lui dis-je en souriant.

— Je l’accepte non comme une louange, mais comme un blâme rempli de justesse et de raison.

— Voyons, mon ami, expliquez-moi ce blâme, qui était bien loin de ma pensée, je vous assure.

M. de Rochegune reprit d’un ton sérieux :

— Vous jugez de mon cœur mieux que moi-même… Ces vagues reproches que je me faisais de ne pas faire assez pour Emma, n’ont pas d’autre cause que cette espèce de divinisation dont vous me parlez et à laquelle je me suis prêté… Je me laisse aimer… je vis trop en sultan… je suis comme ces faux dieux, qui, à force d’être adorés, finissent par croire à leur