Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/278

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— Je ne sais pas un homme d’une raison plus saine, d’un jugement plus sûr que ce bon abbé Dampierre. Ce que dit Emma est très vrai : son langage serait partout remarquable, et il ne s’en doute pas ; il s’ignore complètement… C’est l’un des hommes dont je fais le plus de cas… Cela est si rare, la grandeur dans la modestie… C’est comme la grâce et la beauté dans la candeur… Bien entendu que je ne dis pas ceci pour vous, Emma, notre sœur Mathilde ne me le pardonnerait pas ; elle est jalouse de toutes les louanges qu’on vous adresse… quand elles ne sont pas d’elle.

Pendant que M. de Rochegune parlait, Emma ne le quittait pas des yeux ; ce n’était pas de l’amour, c’était une adoration passionnée de tous les moments. Elle ne vivait pas en elle, elle vivait en lui.

Presque toujours après ces moments d’extase contemplative, pendant lesquels elle semblait aspirer le bonheur à longs traits, elle me jetait un regard de reconnaissance ineffable.

Lorsque M. de Rochegune eut parlé, elle lui prit la main, et lui dit avec un accent enchanteur :