Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/287

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susceptibilité très douloureuse à l’égard de tout ce qui pouvait faire allusion à sa conduite passée. — Puis s’adressant à Emma : — Continuez, mon enfant.

Emma continua :

« Mes parents m’ont mariée très jeune à un homme qui m’a rendu la vie bien malheureuse. Ses défauts et ses mauvais traitements ont seuls causé mon affreuse inconduite, Madame, je puis vous le jurer devant Dieu. »

— Oh ! — s’écria l’abbé avec indignation — quel sacrilège ! invoquer le nom de Dieu pour attester sa honte !…

— C’est vrai, monsieur l’abbé — dit ingénument Emma — comment ose-t-on faire un tel aveu ! Et puis est-ce que quelque chose au monde peut excuser l’inconduite ? — demanda-t-elle à madame de Richeville. — Il me semble que, si mon mari avait des torts envers moi, au lieu de l’imiter je tâcherais de le ramener à force de résignation et de tendresse… Et puis au moins quelqu’un pourrait prier Dieu de lui pardonner ses fautes, si les prières des cœurs purs sont toujours écoutées.