Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/288

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— Ah ! Madame ! — dit l’abbé avec émotion en s’adressant à madame de Richeville et lui montrant Emma — voilà votre ouvrage, voilà le fruit de l’éducation que vous avez donnée.

Madame de Richeville rougit et ne répondit rien, mais son regard me disait combien cet entretien lui devenait pénible.

Je le sentais aussi, mais je ne savais comment rompre la conversation.

Emma continua la lecture de cette lettre :

« Mon mari m’a abandonnée depuis quatre ans, Madame, et depuis ce temps je ne sais pas ce qu’il est devenu ; pourtant, Madame, j’ose à peine tracer ces mots, tant ma confusion est grande… C’est pour une malheureuse petite créature qui vient de naître, et qui n’est pas sa fille, que j’ose réclamer vos bontés. »

— Ah ! c’est infâme ! — s’écria l’abbé.

Emma ne prononça pas un mot, mais elle fit un geste de mépris si douloureux, de dégoût si profond en jetant la lettre à ses pieds, que son silence et l’expression de sa physionomie furent aussi significatifs que les paroles les plus acerbes.