Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/290

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui peuvent s’appuyer de l’autorité de leurs vertus et d’une vie exemplaire, pour condamner sévèrement le vice, lui soient au contraire indulgentes par une pitié mal entendue ! Vraiment, Madame, est-il juste d’accorder à des malheurs honteux, mérités, presque autant d’intérêt qu’à de nobles et touchantes infortunes ?

M. l’abbé a raison — dis-je effrayée de la tournure que prenait la conversation. — Ramassez cette lettre, Emma ; nous ferons demander des renseignements sur cette femme, c’est peut-être une ruse pour abuser de vos bontés ; ne parlons plus de cela.

— Je vais toujours terminer de lire sa lettre — reprit naïvement Emma. — Mais, je l’avoue ; ce que M. l’abbé vient de me dire, me désintéresse complètement de cette femme, qui ose blâmer la conduite de son mari, lorsqu’elle se dégrade autant et peut-être plus encore que lui.

— Vous êtes bien sévère, Emma — dit la malheureuse duchesse en tâchant de cacher une larme qui lui vint aux yeux.

Emma répondit en lui souriant, avec une