Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/367

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— Ce qu’il veut, Madame, il veut me vendre à M. Lugarto… — s’écria madame de Lancry avec épouvante.

— Ah ! Mathilde… c’est abominable.

— Je vous dis que pour de l’argent cet homme est capable de tout — s’écria Mathilde. C’est un abîme d’horreur et d’infamie ; pour assouvir la haine dont ce monstre me poursuit sans relâche, haine qu’il partage lui-même à cette heure… mon mari ne reculera devant aucun crime… En venant ici… il m’a fait d’horribles confidences, me disant que personne ne l’entendait, que si je parlais il nierait tout, et que je ne serais pas crue… Et pourtant, Madame… telle est la loi que les hommes ont faite, qu’elle me force à accompagner cet homme, qui me conduit non à mon déshonneur, mais à la mort… car je me tuerai plutôt que de rester au pouvoir de ces deux hommes… Si je me tue… Dieu me prendra en pitié. Mais… écoutez… écoutez… cette fois… oh ! cette fois c’est bien une voiture qui s’arrête, s’écria Mathilde avec terreur.

— En effet ! mon enfant, une voiture s’arrête… Mais c’est peut-être le médecin que