Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/368

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j’attends… car ils ont aussi eu l’atrocité de ne pas vouloir m’aller chercher le médecin.

— Non, non, c’est lui ! Ah ! c’est lui… il m’aura fait suivre… il aura découvert où j’étais, il me l’avait dit… il me l’avait dit.

— Mon Dieu….. il y a peut-être quelque chose à faire ; je vais envoyer Servien me chercher tout de suite des avocats. En tout cas, chère petite, résistez ; mon enfant, résistez… Ne cédez qu’à la force. Ah ! si mes gens m’étaient dévoués, je le ferais jeter par les fenêtres… ce misérable… ce monstre… qui vient m’enlever ma tendre enfant.

Mathilde ne s’était pas trompée, M. de Lancry entra chez mademoiselle de Maran.

Quoiqu’il eût beaucoup engraissé, sa taille était encore élégante. Il était vêtu avec une recherche extrême, presque mignarde ; malgré son embonpoint, sa figure était blafarde, ses yeux caves, clignotants et entourés d’un cercle brun. Les vices les plus odieux avaient flétri ce visage de leur ineffaçable empreinte. La physionomie de M. de Lancry, autrefois fine, gracieuse et spirituelle, avait alors un caractère de férocité doucereuse : les empereurs sangui-