Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/369

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naires et efféminés de l’ancienne Rome devaient offrir cet aspect révoltant. Jadis insolente et altière, sa voix était devenue mielleuse ; un grasseyement affecté l’affaiblissait encore.

Il s’avança vers le lit de mademoiselle de Maran, lui prit la main, qu’il baisa, et lui dit :

— Quel charmant hasard rassemble aujourd’hui près de vous le couple heureux que vous avez uni ?

— Laissez-moi donc tranquille, avec votre voix flûtée et votre afféterie — dit mademoiselle de Maran ; — vous me faites peur, vous avez l’air d’un tigre qui fait la bouche en cœur… Pourquoi tourmentez-vous cette pauvre femme ?… D’abord, je vous préviens qu’elle veut rester ici… avec moi… avec sa chère tante… entendez-vous ?… Je suis la sœur de son père, sa plus proche parente, et vous ne me l’enlèverez pas… je vous en préviens.

— Vraiment, ma belle chérie ? dit-il en s’adressant à Mathilde avec une sorte de minauderie railleuse et cruelle, en s’asseyant dans un fauteuil auprès de l’alcôve de mademoiselle de Maran. — Vous avez donc bien