Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/374

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Maran — elle prie le bon Dieu ; elle n’a plus de ressource qu’en lui, et il ne l’abandonnera pas. Est-ce que vous croyez qu’il laissera consommer une pareille abomination ?… Revoir un pareil homme !…

— Je vous assure, ma toute belle tante, qu’on le calomnie. Mon adorée en jugera. Une fois arrivés à Nice nous partons tous trois pour la Sicile, pays fort sauvage et fort pittoresque où Lugarto a l’envie de s’établir pendant quelque temps. Lors de notre séjour à Naples, nous avons été visiter une espèce de château vénitien situé à quelques lieues de Messine, dans une solitude admirable, au milieu de gorges profondes et inaccessibles… Nous nous établirons là, moi, Mathilde et Lugarto ; nous y mènerons la meilleure vie du monde. Dans cet endroit désert on est aussi libre qu’à Otaïti. Nous improviserons là une manière de petite Caprée…

Tout-à-coup Mathilde se leva droite, fière, imposante, les yeux brillants, le teint coloré, et dit à mademoiselle de Maran d’une voix ferme :

— Dieu ne m’abandonnera pas… non… je