Page:Sue - Mathilde, tome 6.djvu/376

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ser cet homme, M. Lugarto n’eût pas poursuivi M. de Mortagne de sa haine…

— Mon Dieu ! mon enfant… je m’en désespère… je suis la plus malheureuse des créatures.

— Il y a vingt ans… sur ce lit de douleur où vous êtes, vous m’avez fait verser mes premières larmes, vous m’avez causé mes premières terreurs en coupant mes cheveux, que ma mère mourante avait bénis et touchés !… Aujourd’hui, vous me voyez prête à suivre… cet homme, puisque la force, puisque les lois m’y condamnent… le suivre !!! Vous comprenez tout ce que ce mot renferme d’épouvantable !… Songez au mal que vous m’avez fait depuis mon enfance jusqu’à cette heure… songez à tout ce qui peut encore m’arriver de sinistre… et si vous entendez dire que moi, la fille de votre frère, je me suis tuée pour échapper à l’infamie… que mon sang retombe sur vous… comme celui d’Ursule… et soyez maudite !

— Mathilde… grâce ; grâce… vous me faites peur — s’écria mademoiselle de Maran.

Dix heures sonnèrent. On entendit le bruit