Page:Sue - Paula Monti, tome 1, 1845.djvu/200

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M. de Brévannes était non seulement opiniâtre et égoïste, il était singulièrement vain ; malgré la froideur, l’éloignement que madame de Hansfeld lui avait témoignés en Italie, il n’avait jamais désespéré de s’en faire aimer. Son duel funeste, en le forçant de la quitter, n’avait ni éteint son amour, ni ruiné ses espérances, et bien souvent il s’était dit que, sans sa fuite, devenue nécessaire par la rigueur des lois italiennes, il serait parvenu à intéresser Paula Monti par la violence, les excès même de son amour pour elle… et à lui faire oublier le nom de Raphaël, qui, après tout, l’avait provoqué.

La vanité est au moins aussi aveugle que l’amour… M. de Brévannes était aussi vaniteux qu’amoureux ; on concevra donc qu’il eût une lueur d’espoir en apprenant que la princesse avait été plus accablée qu’irritée à son aspect… Ce qui lui donnait encore beaucoup à penser était cette circonstance :

Paula avait, ensuite de cette rencontre, longuement écrit dans un livre auquel elle confiait ses plus secrètes pensées….

Il s’agissait évidemment et de la mort de Raphaël et des circonstances qui l’avaient amenée… Donc il devait être question de lui, de Brévannes.

Posséder ce livre, y surprendre les pensées les plus intimes de madame de Hansfeld, tel fut dès lors l’unique désir de M. de Brévannes ; mais plus la satisfaction de ce désir était importante pour lui, plus il devait craindre d’en compromettre la réussite ; il crut donc prudent et habile d’avoir l’air de