Page:Sue - Paula Monti, tome 1, 1845.djvu/201

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n’attacher aucune importance à la révélation qu’Iris avait paru lui faire avec la naïveté d’un enfant.

La mulâtresse, surprise de son silence, lui dit :

— Eh bien ! monsieur, à quoi songez-vous donc ?

— À vous, Iris… Encore une distraction…

— Comment, monsieur, malgré vos promesses ?… Et moi qui réponds à toutes vos questions, moi qui vous en dis plus que je ne le devrais… vous ne m’avez pas écoutée…

— Si… très bien, mais vous le voyez, Iris, les questions que je vous adresse sur la princesse sont bien simples, elles ne la compromettront en rien si vous y répondez ; je ne puis encore vous dire quel en est le but… Bientôt peut-être je vous demanderai davantage ; mais alors j’aurai, je l’espère, fait assez de progrès dans votre confiance pour que vous ayez toute foi en moi.

— Je ne devrais pas consentir à vous revoir, monsieur… à quoi bon ? Je le vois, je ne suis là qu’un moyen de correspondance entre vous et la princesse… Mais pourquoi me plaindre ? les malheureux n’ont-ils pas toujours été sacrifiés… aux heureux… aux grands de ce monde ?

L’imperceptible accent d’amertume avec lequel Iris sembla prononcer ces derniers mots fit tressaillir M. de Brévannes ; une idée nouvelle lui vint à l’esprit.

Peut-être la fille de compagnie était-elle jalouse de sa maîtresse, et mécontente de sa position, quoi de plus naturel ?