Page:Sue - Paula Monti, tome 1, 1845.djvu/34

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— Osorio ?… je n’ai jamais entendu prononcer ce nom, madame…

— C’est donc M. de Brévannes ?… — s’écria la princesse involontairement.

M. de Morville regarda madame de Hansfeld avec une surprise croissante, depuis quelques minutes il ne la comprenait plus.

— Je connais à peine M. de Brévannes, j’ignore s’il est à Paris en ce moment… madame.

Pour la première fois, depuis le commencement de cet entretien, madame de Hansfeld sortit de son calme feint ou naturel. Elle se leva brusquement, son pâle visage devint pourpre, elle s’écria :

— Il n’y a au monde qu’Osorio ou M. de Brévannes qui ait pu vous dire ce qui s’était passé à Venise, il y a trois ans, dans la nuit du 13 avril !

— Il y a trois ans ? à Venise ?… dans la nuit du 13 avril ? — répéta machinalement M. de Morville de plus en plus étonné. — Sur l’honneur, madame, il n’est pas question de cela… De grâce, pas un mot de plus… Je serais désolé de surprendre une grave confidence… Encore une fois, madame, je vous le jure sur l’honneur ; le motif qui m’oblige à vous éviter n’a aucun rapport avec les noms, les dates et les lieux que vous venez de citer… Ce motif n’a rien qui puisse altérer la profonde, la sincère admiration que je porte à votre caractère… En évitant de vous voir, madame, j’accomplis une sainte promesse… j’obéis à un devoir sacré…

— Grand Dieu !… qu’ai-je dit !… — s’écria ma-