Page:Sue - Paula Monti, tome 1, 1845.djvu/70

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une fenêtre aussi éclairée, et derrière les vitres la silhouette d’un homme qui regardait par cette fenêtre.

Il était près de cinq heures du matin, la nuit profonde, la rue déserte, que pouvait regarder cet homme, sinon la fenêtre du salon de madame de Brévannes, seule fenêtre qui fût sans doute encore éclairée dans la maison.

Un de ces soupçons absurdes qui ne tombent que dans la cervelle des jaloux trompeurs (classe essentiellement distincte de celle des jaloux trompés), un de ces soupçons absurdes, disons-nous, traversa l’esprit de M. de Brévannes ; il se retourna vers sa femme, le regard irrité, le front menaçant.

— Madame, pourquoi y a-t-il de la lumière dans cette maison en face ? s’écria-t-il.

Puis, s’interrompant pour céder à une inspiration non moins ridicule que sa jalousie, il tira brusquement les rideaux, ouvrit la croisée, et s’avança sur le balcon, où il se campa fièrement.

À cette brusque apparition, les rideaux de la fenêtre de la maison d’en face se refermèrent subitement, l’ombre s’effaça, et un moment après la lumière disparut.

Madame de Brévannes, ne comprenant rien au courroux de son mari, et encore moins à sa fantaisie d’ouvrir les croisées par une nuit de janvier, s’avançait vers le balcon, lorsque M. de Brévannes se retourna, ferma violemment les rideaux, et s’écria :