Page:Sue - Paula Monti, tome 1, 1845.djvu/82

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courts, frisés, se séparaient sur son front à la manière des hommes qui, de nos jours, portent leur chevelure très longue ; ses traits, assez réguliers, avaient quelque chose de viril, de résolu ; lorsqu’elle entr’ouvrait ses lèvres rouges et charnues, on voyait des dents très blanches, mais écartées les unes des autres.

Cette jeune fille, presque aussi grande que madame de Hansfeld, était beaucoup plus mince ; elle portait une robe noire montante, et une petite cravate de soie serrait autour de son col sa collerette à plis très fins.

Coiffée d’un chapeau rond, enveloppée d’un long manteau, cette jeune fille avait pu passer pour un homme et accompagner madame de Hansfeld, qui craignait de revenir seule la nuit dans ce quartier désert et de se trouver presque à la merci d’un cocher.

Pendant l’entrevue du bal de l’Opéra, la jeune fille avait attendu la princesse dans un fiacre et l’avait ensuite ramenée.

Elle s’aperçut de la préoccupation de madame de Hansfeld, et lui dit :

— Marraine, il est bien tard… il faudrait vous coucher…

— Je l’ai vu ! il peut me perdre ! — s’écria impétueusement la princesse, le visage enflammé de colère, en se retournant vers sa filleule (nous l’appellerons Iris, en nous excusant de cette mythologie).