Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/99

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Après quelques moments de silence, Pierre Raimond tendit la main à M. de Hansfeld et lui dit :

— Bien… très bien… Vous triomphez de mes préventions… car vous allez noblement au-devant d’un sacrifice… qui devra vous coûter autant qu’à nous… et il nous coûtera beaucoup…

— Je ne dois donc plus vous revoir ? — dit tristement Arnold…

— Cela est impossible… J’ai pu accueillir chez moi mon sauveur et lier avec lui une amitié que notre égalité de position autorisait… Confiant dans la loyauté de l’homme qui m’avait sauvé la vie, j’ai pu voir sans scrupules son affection honnête et pure pour ma fille… mais de tels rapports ne peuvent plus durer maintenant… Un pauvre artisan comme moi ne fréquente pas de princes. Enfin, je puis pardonner la ruse dont vous vous êtes servi pour entrer chez moi ; mais ce serait l’approuver que de souffrir désormais vos visites.

— Mon Dieu ! croyez…

— Je crois que cette séparation vous sera pénible… bien pénible… pas plus qu’à nous, pourtant…

— Oh ! non… — murmura Berthe, qui ne put retenir ses larmes.

— Et encore — reprit Pierre Raimond — vous avez, vous, les plaisirs de votre rang…

— Les plaisirs… le croyez-vous ?

— Les devoirs… si vous voulez. Vous avez à faire oublier à votre femme les chagrins que vous