Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/113

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qu’elle donnait un libre cours à ses larmes en pensant à M. de Hansfeld qu’elle ne devait plus revoir.

Pour la première fois elle sentait à quel point elle l’aimait. Elle avait le courage de ne pas maudire cette séparation cruelle, en songeant au trouble qu’une passion coupable aurait apporté dans sa vie. Ne voyant plus Arnold, du moins elle serait à l’abri de tout danger.

Une consolation pareille coûte toujours bien des larmes ; aussi la jeune femme eut-elle à peine le temps d’essuyer ses yeux avant que son mari fût près d’elle.

Berthe avait assez de sujets de chagrin pour que M. de Brévannes ne s’étonnât pas de la voir pleurer ; il fut néanmoins contrarié de ces larmes, car il ne pouvait, sans transition, parler à sa femme des plaisirs du monde et de sa présentation à madame de Hansfeld. Réprimant donc un léger mouvement d’impatience, il dit doucement à Berthe, en n’ayant pas l’air de s’apercevoir de sa tristesse (cela rendait la transition d’autant plus rapide) :

— Pardon… ma chère amie… Je vous dérange…

— Non… non, Charles… vous ne me dérangez pas — dit Berthe en essuyant de nouveau ses larmes, qu’elle se reprochait presque comme une faute.

— Ce matin, vous avez vu votre père ?

— Oui… vous m’avez permis d’y aller… quand je…

— Oh !… — dit M. de Brévannes en interrom-