Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/114

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pant Berthe — ce n’est pas un reproche que je vous fais. Je n’aime pas le caractère de votre père, il me serait impossible de vivre avec lui ; mais je rends justice à sa loyauté, à l’austérité de ses principes, et je suis parfaitement tranquille quand je vous sais chez lui.

Berthe n’avait rien à se reprocher ; pourtant son cœur se serra comme si elle eût abusé de la confiance de son mari, qui, pour la première fois depuis bien longtemps, lui parlait avec bonté ; elle baissa la tête sans répondre.

M. de Brévannes continua :

— Et puis, enfin, ces visites à votre père sont vos seules distractions… depuis notre arrivée à Paris… À l’exception de cette première représentation des Français, vous n’êtes allée nulle part… ; aussi je songe à vous tirer de votre solitude…

— Vous êtes trop bon, Charles ; vous le savez, j’aime peu le monde… je suis accoutumée depuis longtemps à la vie que je mène. Ne vous occupez donc pas de ce que vous appelez mes plaisirs…

— Allons, allons, vous êtes une enfant, laissez-moi penser et décider pour vous à ce sujet-là… Vous ne vous en repentirez pas…

— Mais, Charles…

— Oh ! je serai très opiniâtre… comme toujours, et plus que jamais ; car il s’agit de vous être agréable… malgré vous. Oui… une fois votre première timidité passée, le monde, qui vous inspire tant d’effroi, aura pour vous mille attraits…