Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/115

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Berthe regardait son mari, toute surprise de ce changement extraordinaire dans son accent, dans ses manières. Il lui parlait avec une douceur inaccoutumée au moment même où elle se reprochait de porter une trop vive affection à M. de Hansfeld. L’angoisse, nous dirons presque le remords de la jeune femme, augmentait en raison de l’apparente bienveillance de son mari ; elle répondit en rougissant :

— En vérité, Charles, je suis bien reconnaissante de ce que vous voulez faire pour moi… je m’en étonne même.

— Pauvre chère amie, sans y songer, vous m’adressez là un grand reproche.

— Oh ! pardon, je ne voulais pas…

— Mais ce reproche, je l’accepte, car je le mérite… Oui, depuis notre retour je vous ai assez négligée pour que la moindre prévenance de ma part vous étonne… Mais, patience, j’ai ma revanche à prendre… Ce n’est pas tout ; on me croit un Othello ; on croit que c’est par jalousie que je cache mon trésor à tous les yeux ; je veux répondre à ces malveillants en conduisant mon trésor beaucoup dans le monde cet hiver, et prouver ainsi que vous m’inspirez autant d’orgueil que de confiance.

— Je ne puis répondre à des offres si gracieuses qu’en les acceptant, quoiqu’à regret et seulement pour vous obéir… car je préférerais beaucoup la solitude ; et, si vous me le permettiez, Charles, je vivrais comme par le passé…