Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/119

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— Ah çà, sérieusement, vous êtes folle ! Vous refusez avec obstination ce que tant d’autres demanderaient comme une faveur inespérée ?

— Je le sais, je le sais… Aussi croyez que si je refuse, c’est que j’ai des raisons pour cela.

— Des raisons ? des raisons ?… Et lesquelles, s’il vous plaît ?

— Mon Dieu ! aucune de particulière ; mais je désire ne pas aller dans le monde.

M. de Brévannes, stupéfait de cette résistance, en cherchait vainement la cause ; il pressentait que le goût de la retraite ne dictait pas seul ce refus ; un moment il crut sa femme jalouse de la princesse. Aussi reprit-il avec une certaine complaisance :

— Voyons, soyez franche, ne me cachez rien. N’y aurait-il pas un peu de jalousie sous jeu ?

— De la jalousie ?…

— Oui… ne seriez-vous pas assez folle pour vous imaginer que je m’occupe de la princesse ?

— Non, non, je ne crois pas cela… je vous l’assure.

— Mais qu’est-ce donc alors ? — s’écria M. de Brévannes avec une impatience longtemps contenue.

— Charles, soyez bon, soyez généreux…

— Je me lasse de l’être, madame ; et puisque vous ne tenez aucun compte de mes prières, vous exécuterez mes ordres, et après-demain vous m’accompagnerez chez madame de Hansfeld, m’entendez-vous !