Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/15

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« Oui, je suis épouvantée quand je songe à l’habileté avec laquelle il est parvenu à s’introduire autrefois chez nous, à se rendre indispensable à nos intérêts ; avec quelle dissimulation impénétrable il m’avait caché son amour… dont il ne m’a parlé qu’une seule fois ; avec quelle indignation je l’ai accueilli…

« Ne devais-je pas croire, quoiqu’il m’ait dit le contraire, que les soins qu’il rendait à ma tante étaient sérieux ? M’étais-je trompée ? Voulais-je me tromper à cet égard ?

« L’abominable calomnie dont j’ai été victime ne m’a pas même instruite de la vérité. Pauvre tante ! que de chagrins elle m’a causés, sans le savoir !…

« Il n’a manqué à cet homme que de placer mieux son amour, son dévouement passionné… Sans doute, il eût vaillamment aimé une femme libre de son cœur… Mais pourquoi m’a-t-il aimée, moi ? N’étais-je pas fiancée à Raphaël ? Ne m’avait-il pas souvent entendu parler de notre prochain mariage ?… Et après un premier et dernier aveu… il a recouru à la plus infâme calomnie pour déshonorer celle à qui une fois, une seule fois, il avait parlé d’amour…

« Il me semble que je suis soulagée en épanchant ainsi les pensées qui me sont si douloureuses… Oui, cela m’aide à lire dans mon cœur….

« Hélas ! j’étais déjà si malheureuse ! avais-je besoin de ce surcroît de chagrins ?… Oh ! soyez