Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/153

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traire les plus sérieuses garanties pour l’avenir, et une preuve de plus de votre excellente conduite…

— Je vous en prie, ne parlons plus de cela — dit Berthe avec un embarras qui n’échappa pas à son mari.

— Au contraire, parlons-en beaucoup, ce sera ma punition, car j’avoue mes torts… J’étais stupide de me fâcher de votre loyauté ! Pourquoi n’aurait-on pas la modestie de l’honneur comme la modestie du talent ? Si je vous avais priée de chanter dans un salon, devant un nombreux public, m’auriez-vous dit : — Je suis certaine de chanter admirablement bien ?… Non, vous eussiez manifesté toutes sortes de craintes… Et pourtant il est certain que peu de talents égalent le vôtre… Eh bien ! vous m’avez parlé avec la même modestie de votre future condition dans le monde où je vous oblige d’aller, vous m’avez dit avec raison : « — J’ai le désir de rester fidèle à mes devoirs, mais je redoute les séductions et les périls qui entourent ordinairement une jeune femme, et j’aime mieux fuir ces dangers que les combattre… »

— Encore une fois, je vous en prie, oublions tout ceci — dit Berthe véritablement émue et touchée de la bonté de son mari.

— Oh ! je ne vous céderai pas sur ce point — reprit celui-ci — je vous prouverai que je m’obstine dans le bien comme dans le mal ; ma franchise égalera votre loyauté… ce qui n’est pas peu dire, et vous saurez aujourd’hui ce que je vous ai tu hier.