Page:Sue - Paula Monti, tome 2, 1845.djvu/156

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— Et désormais votre amie fera tout au monde pour être digne de….

— Assez, ma chère enfant — dit M. de Brévannes en interrompant Berthe ; — je sais tout ce que vous valez… et qu’on est toujours sûr d’être entendu lorsqu’on s’adresse à votre délicatesse… Mais permettez-moi de terminer ce que j’ai à vous dire… Par cela même qu’il y a deux manières d’aimer sa femme, il y a deux manières d’en être jaloux…

— Je ne vous comprends pas, mon ami.

— C’est ce que je crains, surtout à propos de quelques-unes de mes paroles d’hier que vous avez peut-être mal interprétées.

— Comment ?

— Sans doute ; malheureusement notre entretien est monté tout à coup sur un ton si haut que tout s’est élevé en proportion ; quand je vous parlais de la différence de la jalousie, de l’amour et de l’amour-propre, je voulais dire que l’on n’est pas jaloux de la même façon lorsque votre femme est votre amie au lieu d’être votre maîtresse ; dans le premier cas, le cœur souffre ; dans le second, c’est l’orgueil ; et malheureusement l’orgueil n’a pas, comme l’amour, de ces retours de tendresse qui calment et adoucissent les blessures les plus douloureuses… me comprenez-vous ?

— Mais…

— Pas encore, je le vois. Je voudrais vous parler plus franchement… mais je crains de mal m’expliquer et de vous choquer peut-être.